Libye

En 2011, lors de l’opération Unified Protector conduite par l’OTAN, la Türkiye a évacué et soigné les personnes gravement blessées dans les villes assiégées de Misrata et Benghazi. Les blessés ont été pris en charge à bord d’un navire turque et, une fois débarqués dans le port turc de Çeşme, ils ont été transférés vers des centres médicaux pour recevoir des soins supplémentaires.
En mars 2011, dans le cadre de l’opération Mobile du Canada en Libye, deux avions de chasse ont renoncé à un raid aérien qui avait pourtant été autorisé : ils ont abandonné l’opération car selon leur évaluation, les dommages collatéraux auraient été trop élevés. Cette décision, qui s’inscrit dans le respect des principes de proportionnalité et de précaution dans l’attaque, peut s’expliquer par l’éthique mais aussi par des intérêts militaires, notamment la volonté de conserver l’appui politique dont a bénéficié l’Opération Mobile.
Suite à un accord conclu à Rome le 18 juin 2016 entre les chefs de différents groupes ethniques et politiques du sud de la Libye, sous les auspices de l’organisation humanitaire « Communauté de Sant’Egidio », des médicaments et d’autres produits de première nécessité ont pu être acheminés par les humanitaires dans la région du Fezzan, dans le sud du pays. L’engagement des chefs locaux à respecter ces mesures conformes au DIH a sans doute eu une influence, de même que l’espoir partagé de parvenir à la paix.
Pendant le conflit armé libyen de 2011, les autorités détentrices ont permis au CICR de visiter différents centres de détention et les détenus de leur choix, conformément à leurs obligations relatives au traitement des détenus et en vertu du droit humanitaire. De telles mesures ont été rendues possibles grâce à l’assistance matérielle fournie par cet intermédiaire neutre.
Pendant l’opération Unified Protector en 2011, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), en coopération avec le Comité du Bouclier bleu américain et l’International Military Cultural Resources Work Group, a communiqué une liste des sites culturels en Libye qui ne pouvaient pas être pris pour cible par les forces armées : toutes les forces militaires qui participaient au conflit ont suivi cette recommandation pendant la conduite des hostilités. L’apport d’une expertise multisectorielle aux activités militaires et la participation d’autres États et acteurs, tels que l’UNESCO ou diverses ONG, semblent avoir encouragé les forces militaires à respecter le droit international humanitaire.
Pendant le conflit armé de 2011 en Libye, le Conseil national de transition en Libye (CNT) a élaboré un manuel opérationnel énonçant les principales règles du droit de la guerre, qui a ensuite été diffusé par divers moyens, notamment en envoyant des extraits du manuel par SMS ou encore en diffusant des messages en continu à la radio et à la télévision. Le souci d'obtenir le soutien de l'opinion publique et de gagner en légitimité peuvent expliquer cette prise d'initiative pour garantir le respect du DIH, qui a également été rendue possible grâce aux nouvelles technologies et à leur démocratisation dans la société libyenne.
En 2011, le ministère libyen de la Défense a chargé le Centre libyen de lutte antimines (LMAC) de s’occuper de la gestion du déminage. En 2013, le premier site de stockage de munitions a été construit à Misrata, sous la supervision de la Libye et des Nations Unies et grâce aux fonds du gouvernement suisse. De plus, des mesures supplémentaires avaient été mises en place entre temps afin de retirer les restes explosifs de guerre. De nombreux facteurs ont pu jouer en faveur du respect de ces obligations énoncées par le droit humanitaire, parmi lesquels la possibilité de gagner en reconnaissance sur le plan politique et la capacité à réconcilier une population divisée.