Afrique

En 2011, lors de l’opération Unified Protector conduite par l’OTAN, la Türkiye a évacué et soigné les personnes gravement blessées dans les villes assiégées de Misrata et Benghazi. Les blessés ont été pris en charge à bord d’un navire turque et, une fois débarqués dans le port turc de Çeşme, ils ont été transférés vers des centres médicaux pour recevoir des soins supplémentaires.
En 2012, la RDC a signé un Plan d’action dans le cadre de l’adoption de deux résolutions des Nations Unies, visant à prévenir l’utilisation d’enfants soldats et à mettre fin à ces pratiques. Entre 2012 et 2015, la RDC a pris un certain nombre de mesures fortes pour réaliser les objectifs du Plan d’action. Puis, en 2017, les Forces armées de la RDC (FARDC) ont été radiées de la liste des Nations Unies relative aux groupes armés qui recrutent et utilisent des enfants. Dans ce cas d’étude, le respect du droit semble avoir été renforcé par l’action d’organisations extérieures et influencé par l’opinion publique nationale et internationale, ainsi que par la perspective d’avantages politiques induits par la radiation de la RDC de cette liste des Nations Unies.
En mars 2011, dans le cadre de l’opération Mobile du Canada en Libye, deux avions de chasse ont renoncé à un raid aérien qui avait pourtant été autorisé : ils ont abandonné l’opération car selon leur évaluation, les dommages collatéraux auraient été trop élevés. Cette décision, qui s’inscrit dans le respect des principes de proportionnalité et de précaution dans l’attaque, peut s’expliquer par l’éthique mais aussi par des intérêts militaires, notamment la volonté de conserver l’appui politique dont a bénéficié l’Opération Mobile.
La mission de l’Union Africaine en Somalie (AMISOM) a pris des mesures concernant ses opérations pour protéger davantage la population civile contre les effets des hostilités, notamment par la mise en place d’une cellule de suivi sur les cas de victimes civiles. Cette initiative de l’AMISOM s’explique par des intérêts militaires d’ordre stratégique mais aussi par l’obligation juridique de protéger les civils.
En République centrafricaine (RCA), la coopération entre un groupe armé et les autorités nationales a permis de libérer 18 prisonniers. Par la suite et à maintes reprises, le gouvernement de la RCA a joué le rôle de médiateur dans le processus de désarmement et de rapatriement des membres de groupes armés. Ce respect des dispositions du DIH de la part de toutes les parties semble s’expliquer par une volonté commune d’encourager un environnement propice à la paix et a été favorisé par la médiation et le soutien d’acteurs neutres.
En 2014, le Soudan du Sud, alors en proie à un conflit armé, a reçu l’accord de son pays voisin, le Soudan, pour ouvrir un couloir humanitaire afin de permettre aux secours humanitaires d’avoir accès aux populations touchées par le conflit. Avec le soutien du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, plusieurs convois humanitaires ont pu rejoindre le Soudan du Sud en empruntant ce corridor. Cette initiative a pu avoir une influence positive sur l’opinion publique locale et a contribué à améliorer l’image du Soudan auprès de la communauté internationale. Le fait de prendre en compte ces considérations pourrait être déterminant pour générer un plus grand respect du DIH.
En 2011, le Tchad a signé un plan d’action avec les Nations Unies dont l’objectif était de remédier au problème du recrutement d’enfants soldats. Afin de mettre en œuvre ce plan d’action, le gouvernement a pris des mesures concrètes : il a adopté une législation interdisant le recrutement d’enfants soldats sous peine de poursuites pénales et mis en place des mesures de contrôle pour s’assurer qu’il n’y ait plus aucun enfant dans les rangs des forces armées. En 2014, les Nations Unies ont déclaré que la mise en œuvre du plan d’action avait été accomplie et le Tchad a été retiré de la liste des pays figurant dans le Rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés.
Durant le conflit de 2007 à 2009, le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), un groupe armé non étatique, a autorisé le CICR à donner les premiers secours aux soldats capturés des Forces Armées du Niger (FAN) et a libéré les soldats dont l’état nécessitait une assistance médicale. Le CICR a également pu rendre visite aux détenus durant leur internement. Le MNJ a par la suite libéré les derniers soldats détenus. L’implication d’un intermédiaire neutre dans le processus semble avoir été essentiel pour générer un comportement conforme au droit humanitaire.
Pendant le conflit armé libyen de 2011, les autorités détentrices ont permis au CICR de visiter différents centres de détention et les détenus de leur choix, conformément à leurs obligations relatives au traitement des détenus et en vertu du droit humanitaire. De telles mesures ont été rendues possibles grâce à l’assistance matérielle fournie par cet intermédiaire neutre.
En 2012, l'ONU et l'Armée populaire de libération du Soudan ont signé un accord pour mettre fin au recrutement d'enfants soldats ; en 2015, l'Armée démocratique du Soudan du Sud a remis des enfants à l'UNICEF suite à un accord signé avec l'État, pour ce qui a été annoncé comme « l'une des plus importantes démobilisations d'enfants jamais réalisée » (UNICEF).